De la baguette magique au joystick
Ou
Un jour mon prince viendra…dès qu’il aura lâché sa console
Que deviendraient nos princesses et princes de Moyen Age féérique dans notre bonne vieille réalité truffée de stress, de communication sans fin et de fièvre acheteuse? La pièce Contes Méli Mélo de Laurence Wollny répond à cette question et nous montre des altesses bien connues de contes de fées (trop bien ?) adaptées au monde postmoderne des tablettes surchauffées et des inflations d’émoticones.
Seulement, ces Belle Aubois, Prince Charmant, Cindy Rella et autres Blanche Schnee, ce sont nos enfants, et ceux de l’auteur. Car derrière le texte drôle, fin et intelligent que l’enseignante dramaturge a offert en régal à sa talentueuse troupe d’élèves-comédiens, il y a le regard d’une maman sur cette génération cybernétique, un regard sans complaisance mais (aussi) sans amertume, d’une tendresse exigeante et un peu moqueuse pour rappeler, par le détournement subtil de ces idoles dysnéisées, que si la jeunesse est éphémère, elle est aussi éternelle.
Et c’est pourquoi les adultes qui sont venus voir la représentation ont pu rire généreusement des jeunes, mais aussi d’eux-mêmes en tant qu’anciens jeunes et actuels parents, rire en compagnie des enfants et des adolescents, de concert dans une fraternité salutaire. Loin de diviser les générations, la pièce de Laurence Wollny, comédie-miroir chère à Molière, les rassemble. Et ça, c’est du grand talent, merveilleusement incarné dans des collégiens et lycéens survoltés, servi par une mise en scène fluide et pointue.
Répétons le mot pour finir : un régal.
SG